
Les institutions internationales
•
Les accords de Bretton Woods sont nés d'une conférence monétaire et
financière réunissant en juillet 1944 un millier de délégués de 44 pays.
La création des deux institutions financières internationales, le
FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale, résulte d'une double préoccupation :
- se
protéger des crises monétaires de l'ampleur de celles des années 1930
et de la chute des échanges mondiaux qui en a découlé ; ce rôle étant
confié au FMI ;
- reconstruire l'Europe ; ce rôle étant dévolu à la Banque mondiale.
Les thèses favorables aux intérêts américains s'imposent et s'appuient sur quatre points :
- un système de changes de parités fixes ;
- un système d'étalon de change-or ;
- liberté des changes et convertibilité des monnaies ;
- un mécanisme de crédit mutuel (les DTS).
Ce système s'est progressivement dilué avec, en 1971, la fin de la
convertibilité du dollar en or, en 1973 avec le flottement généralisé
des monnaies et avec les accords de la Jamaïque qui démonétise l'or
en 1976.
• Le Fonds monétaire international
a été fondé officiellement le 27 décembre 1945, suite à la ratification
par 29 pays des statuts adoptés à Bretton Woods. Il a été créé en vue
de réguler le système monétaire international de changes fixes et de
mettre fin aux fréquentes dévaluations, en mettant temporairement,
moyennant des garanties adéquates, ses ressources à la disposition des
États membres ayant des difficultés de balance des paiements.
À
partir de 1973, avec la flexibilité officielle des taux de change, il
redéfinit ses missions et devient un instrument de régulation financière
et d'aide aux pays en développement.
Il est ainsi chargé de
permettre à ces pays de surmonter des crises temporaires de financement
de leur déficit de la balance des paiements. Son action consiste à
prêter de l'argent aux pays concernés en contrepartie de la mise en
œuvre des politiques nécessaires au rétablissement de l'équilibre de
leur balance des paiements. Aujourd'hui, il est devenu le principal
acteur de la dette des pays du Sud.
Le FMI
est considéré comme un « gendarme » des finances internationales
lorsqu'il impose ses programmes d'ajustement structurels, ou comme un
« pompier » lorsqu'il intervient financièrement pour renflouer des États
touchés par une crise financière – par exemple au moment de la crise
asiatique de la fin des années 1990. Il compte aujourd'hui près de
184 pays et l'encours de prêts est de 107 milliards de dollars auprès de
56 pays.
• La
Banque internationale pour la reconstruction et le développement (
BIRD), communément appelée Banque mondiale, est, avec le
FMI, le second pilier des institutions financières internationales.
Initialement
composée de 44 pays membres, la Banque mondiale en compte désormais
184. Ses interventions, à l'origine conduites en Europe, sont
aujourd'hui tournées vers l'ensemble des pays en développement et la
lutte contre la pauvreté est devenue son principal objectif.
Elle
s'est engagée dans des missions nouvelles : projets de développement
ruraux, d'éducation, d'eau, de santé, de développement urbain, qui sont
venus compléter une palette d'interventions auparavant limitées au
soutien économique apporté aux États et à la construction
d'infrastructures de base (routes, ports, aéroports, barrages, etc.).
Au
début de l'année 2003, la direction de la Banque mondiale a précisé les
sept grands domaines d'action qui devaient être privilégiés :
- l'accès à l'éducation pour tous ;
- la lutte contre le VIH ;
- la santé maternelle et infantile ;
- l'approvisionnement en eau et l'assainissement ;
- le climat de l'investissement et le financement ;
- le commerce ;
- la viabilité écologique
Elle réserve toutefois plus de la moitié de ses prêts aux pays dits
émergents, privilégiant l'Asie et l'Amérique latine sur l'Afrique.
•
Dès 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que la
coopération économique internationale est considérée comme le meilleur
garant du maintien de la paix, deux négociations sont lancées : l'une
pour créer une institution des Nations unies consacrée au commerce,
l'autre pour amorcer la réduction des barrières douanières.
La charte de La Havane, signée en mars 1948, qui prévoyait la création d'une Organisation internationale du commerce (OIC),
n'entrera jamais en vigueur, faute de ratification par plusieurs pays,
notamment par les États-Unis, inquiet d'une perte de souveraineté au
détriment de l'OIC. Les négociations
pour la réduction des tarifs douaniers déboucheront, elles, sur un
simple accord, l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce
ou GATT (General Agreement on Tariffs and Trade),
signé en octobre 1947 par 23 pays, qui n'aura jamais le statut
d'organisation internationale. À la veille de son remplacement par
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en janvier 1995, l'accord regroupe cependant 123 pays. Le règlement des différends ne prévoit pas de mesures de sanctions, le GATT émettant de simples recommandations. Pendant cinquante ans, le GATT s'est évertué à promouvoir une réduction des tarifs douaniers entre pays (les 6 fameux rounds de négociations jusqu'à l'Uruguay Round en 1994) et une libéralisation du commerce, qui a connu une accélération dans les années 1990.
• L'
OMC prend le relais en 1995. Elle reprend les objectifs du
GATT :
- élever le niveau de vie ;
- favoriser emploi et croissance ;
- promouvoir
le commerce selon le principe de non-discrimination entre les pays et
de négociations multilatérales (faisant intervenir tous les pays).
L'
OMC
est chargée d'organiser la négociation des accords commerciaux
internationaux et de veiller à leur application. Elle dispose pour ce
faire de l'Organe de règlement des différends (
ORD)
qui gère les litiges commerciaux entre les pays et qui peut prendre des
sanctions contre ceux qui ne respecterait pas le droit international.
Les accords régionaux et bilatéraux
•
Le commerce mondial est pour une part très importante, un commerce
intrazone. Cela représente les 3/5 du commerce mondial (55 % en 2004).
Ces
zones de commerce, qui tendent à encourager une proximité géographique,
se caractérisent aussi par la proximité de plus en plus marquée de
leurs pouvoirs d'achat, de leurs modes de vie et de leurs cultures.
Elles visent l'amortissement rapide des frais de recherche et de
développement à travers des économies d'échelle que le grand nombre de
consommateurs permet de réaliser. Elles s'appuient essentiellement sur
un commerce de type intrabranche reposant sur des produits semblables
(échange de voitures Renault contre des voitures Wolkswagen par
exemple).
Le commerce extrazone, c'est-à-dire effectué entre les
régions de la Triade, s'appuie davantage sur des produits
complémentaires et différenciés et sur un commerce interbranche
répondant à l'approche de la spécialisation du commerce mondial.
Concernant le commerce intrazone, on peut citer la constitution de la CEE en 1957, avec le passage progressif de 6 à 27 pays au 1er janvier
2007. L'intégration européenne a permis à cette zone de développer un
vaste marché à travers l'Union économique et monétaire (UEM) comprenant les 12 pays qui ont adopté l'euro en 2002. La Slovénie a adopté officiellement l'euro le 1er janvier 2007 et les Pays Baltes le 1er janvier 2008. La zone européenne compte 487 millions d'habitants.
• On peut citer également trois autres associations importantes :
- l'ALENA ;
- l'ASEAN ;
- et le Mercosur.
L'
ALENA,
l'Accord de libre-échange nord américain, a été conclu en 1992 entre le
Canada, les États-Unis et le Mexique. Il favorise une libre circulation
des biens, services et capitaux, sans politique commune commerciale.
L'
ANSEA,
l'Association des nations du Sud-Est asiatique, est une zone de
préférence douanière fondée en 1967 et qui regroupait au départ
l'Indonésie, Singapour, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines. Elle
s'est ensuite étendue au Brunei (1984), au Vietnam (1995), à la
Birmanie, au Laos (1997) et au Cambodge (1999), soit dix pays au total
pour 500 millions d'habitants.
Le Mercosur est un marché commun du
cône Sud qui regroupe, depuis 1991, le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et
le Paraguay. Le Mercosur compte 320 millions d'habitants, soit 43 % de
la population d'Amérique du Sud et représente 50 % de son
PIB.
Le rôle des firmes multinationales
• Les firmes multinationales (FMN)
sont des entreprises qui possèdent ou contrôlent des entreprises
implantées dans plusieurs pays, selon une stratégie qui s'appuie sur les
différences socio-économiques de ces pays.
Cette internationalisation ancienne date de la création des empires coloniaux et s'est accélérée dans la seconde moitié du xxe siècle.
On compte aujourd'hui 70 000 firmes multinationales contrôlant
700 000 filiales dans le monde. Leur nombre a doublé en 15 ans et le
nombre de filiales que ces multinationales contrôlent a quadruplé. Elles
vendent pour 20 000 milliards de dollars de marchandises soit le double
des exportations mondiales. Elles conservent néanmoins un ancrage
national (les 55 premières FMN européennes réalisent 37 % de leur chiffre d'affaires en Europe).
Néanmoins,
la dynamique actuelle montre une orientation de plus en plus
internationale de leurs activités puisque le tiers des activités des FMN
européennes ou américaines a lieu dans un cadre extraterritorial. On
peut recenser plusieurs objectifs dans cette multinationalisation.
• Dans un premier temps, il s'agit pour les FMN
d'avoir accès aux matières premières directement sur place, en vue de
leur exploitation ou de leur transformation. C'est la logique suivie par
les firmes européennes puis américaines au xixe siècle et au début xxe siècle : on parle de FMN primaires.
• On peut ensuite évoquer la logique de recherche des débouchés.
Les entreprises s'implantent directement sur un nouveau marché sans
avoir à exporter : on parle de filiale relais. Cela concerne des marchés
suffisamment attractifs par le niveau de la population et par le
pouvoir d'achat local. L'établissement de filiale relais passe souvent
par des fusions ou des absoptions dans les pays concernés ou encore par
la création d'entreprises nouvelles dans le cadre des IDE.
• Enfin, l'entreprise peut choisir de privilégier la réduction des coûts de production et des coûts salariaux directs ou indirects,
en profitant d'une fiscalité douce, de contraintes environnementales
moindres, d'un droit du travail accommodant, etc.). C'est la logique de
la décomposition internationale du processus productif (DIPP)
selon laquelle les entreprises choisissent les pays en fonction des
avantages qu'elles peuvent en retirer : on parle de filiales ateliers.
Dans
ce cas, à l'intérieur des filiales de la multinationale, on constate
une circulation des produits dans le monde en fonction de leur
avancement de production. Ce commerce intrafirme représente 45 % du
commerce des FMN et un tiers du commerce international.
•
Les multinationales sont présentes dans le domaine industriel mais
aussi de plus en plus dans les services. Elles sont majoritairement
controlées par les pays riches mais on constate toutefois une montée en
puissance des pays émergents.